Comme tout autre mammifère, le chinchilla peut être atteint par des mycoses cutanées ; le responsable est presque toujours le même champignon, très courant dans la nature, et qui sévissait déjà il y a 125 millions d’années ! Cette dermatophytose est également affublée d’un nom qui fait peur à beaucoup d’entre nous : la Teigne !

Faut-il avoir peur de la teigne ? Ne dit-on pas « méchant comme une teigne », ainsi que Jacques Brel le chantait dans « ces gens-là »… ?

S’il ne faut pas la prendre à la légère, il est inutile de s’affoler ! Il ne s’agit en fin de compte que d’une affection bénigne, bien que contagieuse.
Les mycoses se soignent très bien et sont souvent enrayées très rapidement, d’autant plus que le chinchilla possède une arme secrète qui l’avantage énormément dans sa lutte contre ce dermatophyte : Son bain de terre !

On rencontre ce champignon, joliment nommé Tricophyton Mentagrophytes, aussi bien sur les animaux, les humains, ou dans la terre, où il peut rester à l’état latent très longtemps. Il se transmet très facilement de l’animal à l’homme, de l’homme à l’animal, de la nature à l’homme, etc…
Microsporum Canis a parfois été mentionné.

La lutte préventive

La prévention est la meilleure mesure à prendre, particulièrement en période humide. Il faut tout d’abord éviter de laisser les litières souillées par l’eau et l’urine, et ne pas oublier d’aérer correctement la pièce où se trouve le chinchilla. Et surtout, il est facile de mettre en œuvre une pratique toute simple et très efficace par l’intermédiaire des bains de terre quotidiens.

L’ajout de fleur de soufre, ou soufre micronisé, est ainsi préconisé dans la terre à bain. Le soufre est un élément tout à fait naturel, sans danger s’il est utilisé correctement.

A titre préventif, il faut mélanger une cuillérée à café rase de soufre pour un kilo de terre. La dose peut être doublée pour un effet curatif. Il faut évidemment éliminer les grumeaux, s’ils existent, en les écrasant, et bien répartir la dose de soufre dans l’ensemble de la terre, et non la laisser s’accumuler en un seul endroit.

Les signes cliniques

Concernant le chinchilla, les premières attaques se remarquent la plupart du temps au niveau du museau : les poils tombent et la peau devient rouge et écailleuse autour de la bouche et du nez, puis autour des yeux et des oreilles, sur les pattes avant et autour des organes génitaux. L’explication est simple : le champignon trouve près de la bouche des conditions chaudes et humides favorables à son développement. Le contact de la bouche avec les pattes antérieures provoque l’atteinte des « mains », qui, à leur tour transportent le champignon autour des yeux et des oreilles lors de la toilette ; les organes génitaux peuvent ensuite être contaminés lors de la coprophagie. (Lorsque le chinchilla prélève les fèces qu’il va consommer directement à l’anus).

Il faut réagir le plus tôt possible. Sans soins, les parties atteintes s’étendent rapidement et peuvent toucher n’importe quelle partie du corps.

Les soins

Le port de gants jetables est fortement recommandé pour toucher un animal atteint, ainsi qu’une stricte mise en quarantaine, en éloignant particulièrement les enfants, et tous les autres animaux (dont certains porteurs sains, comme les chats et les chiens, ont pu transmettre la mycose ou risquent de l’attraper à leur tour).
Mieux vaut également se protéger avec un tablier, ou un grand linge couvrant les vêtements, car, si Trichophyton n’est pas un danger effroyable, il est extrêmement contagieux et volatil…

Toutefois, la contagion n’est pas du tout systématique, et tous les sujets (hommes ou animaux), ne sont pas égaux au niveau de la sensibilité à ce champignon. Exposés de la même façon, certains seront atteints très rapidement, alors que d’autres n’en souffriront jamais.

La première action est de rajouter une dose curative de soufre dans la terre à bain, à raison
d’une cuillérée à café rase pour 500 grammes de terre. Chaque semaine la terre utilisée doit être jetée et remplacée en totalité. Bien sûr, pour être efficace, le bain de terre doit être proposé au chinchilla aussi souvent que possible.
Dans l’urgence, on peut appliquer au moyen d’un petit coton de l’alcool à 70° sur les lésions, ce qui calme déjà bien l’irritation.

Certaines huiles essentielles sont utilisées avec de bons résultats en application directe sur les lésions, en évitant soigneusement les muqueuses (yeux, lèvres, organes génitaux) : le tea tree ou le niaouli peuvent être utilisés purs, le pamplemousse de préférence dilué dans une huile neutre.
L’application d’argent colloïdal peut également être d’un grand secours.

Dès que possible, amener le chinchilla chez votre vétérinaire : il prescrira une pommade ou une lotion antifongique, à appliquer deux fois par jour sur les endroits atteints, qui se montrera très efficace.

À ma connaissance, ces soins se sont toujours montrés suffisants sur les chinchillas, sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des antibiotiques par voie orale, qui présentent plus de désagréments sur la flore intestinale que d’effets intéressants sur les mycoses.

Les signes de guérison se remarquent très vite : dès que la peau cesse d’être rouge et les lésions de s’agrandir, cela signifie que le champignon n’est plus actif. Avant de constater la repousse du poil, on peut déjà voir la peau redevenir lisse et grise.
Mieux vaut continuer de rajouter du soufre à la terre à bain pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à dose préventive.

Si d’autres chinchillas vivent à la maison, le bain ne doit pas être commun et le soufre doit être utilisé pour tous à titre préventif. Le matériel peut être nettoyé à l’eau de javel, qui a une action fongicide, ou mieux avec une solution antifongique spécifique.
Le vétérinaire ou le pharmacien seront à même de vous conseiller.

En élevage, les cages en métal sont chauffées à la flamme, ou passées à la vapeur. La chaleur et la dessiccation viennent à bout des parasites, des microbes, des virus, et des champignons.
Cette méthode présente l’avantage de n’utiliser aucun produit chimique, mais n’est pas utilisable sur tous les supports (le bois, par exemple, est l’un des matériaux les plus difficiles à désinfecter).

Catherine Peduzzi
Les Chinchillas du Terroin

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